Assises du travail : Les enjeux du rapport au travail


https://www.unsa.org/2672

Dans un contexte de déploiement de réformes injustes pour les actifs (retraites et assurance chômage), l’UNSA a pu formuler dans le cadre des assises du travail des propositions sur la thématique du rapport au travail.

Avec la qualité de vie au travail (Voir UNSA mag n° 231) et la démocratie au travail, le rapport au travail était l’un des trois thèmes retenus dans le cadre des assises lancées le 2 décembre dernier.
Dans un atelier réunissant experts, organisations syndicales et patronales, l’UNSA a au préalable exprimé son regret de voir ces assises du travail conduites simultanément avec le débat sur les retraites.
Ces échanges sur la relation au travail et surtout la recherche de solutions dans l’intérêt des actifs aurait dû constituer la première étape avant tout projet de réforme des retraites.
Privilégiant la logique financière, le gouvernement a malheureusement choisi la méthode inverse.
L’UNSA a néanmoins contribué à la réflexion et a émis des propositions autour des axes retenus au sein de l’atelier : garantir l’accès à un socle de droits sociaux fondamentaux pour tous les travailleurs, valoriser le travail, prendre en compte les attentes sociétales et les bouleversements technologiques, concilier les temps de vie.

Micro entreprenariat, plateformes, télétravail,… avec l’émergence de nouvelles formes d’organisations du travail et d’emploi, la relation de l’individu au travail est en pleine mutation.
Les transformations numériques, celles liées à l’environnement, le développement de l’ intelligence artificielle (IA), interrogent la sécurisation des parcours professionnels, la santé et les conditions de travail.

Valoriser le travail
Manque de reconnaissance, d’évolution de carrière, rémunérations trop basses,… Pour l’UNSA valoriser le travail doit passer par des salaires décents, attractifs, une reconnaissance et une meilleure prise en compte des compétences quel que soit le secteur d’activités. La promotion interne comme externe doit donc être dynamisée pour redonner des perspectives.
Il faut encourager également l’autonomie, la responsabilité grâce notamment à un management innovant et mieux formé.

  • -Revaloriser les salaires et réduire l’écart (de 1 à 20 maximum)
  • -Partager la valeur au sein de l’entreprise
  • - Laisser le Compte personnel de formation (CPF) à la main du salarié sans reste à charge mais avec plus d’abondements publics, de l’entreprise et/ou de la branche…
  • - Garantir pour tous les actifs un accès à la VAE
  • - Mettre en place un accompagnement individuel renforcé notamment pour les plus vulnérables
  • - Développer le Conseil en évolution professionnelle (CEP) et le rendre obligatoire pour toute commande de formation via la plate-forme-CPF.
  • - Rendre obligatoire la négociation du Plan de de développement des compétences (PDC) dans l’entreprise

Garantir l’accès à un socle de droits fondamentaux pour tous les travailleurs
Pour l’UNSA, la responsabilité et le rôle de l’employeur sont ici très importants pour mettre en place un dialogue social de qualité. Les différentes instances paritaires dans et hors de l’entreprise doivent y jouer un rôle central pour construire et faire vivre un socle de droits fondamentaux : Une rémunération décente, des évolutions de carrières sans discrimination (genre, âge, …), un accès à la formation tout au long de la vie, des actions préventives contre la pénibilité et l’usure professionnelle, …

  • - Conditionner les aides publiques à des actions vertueuses des entreprises dans les domaines de l’emploi des séniors, des jeunes, de l’égalité Femmes/Hommes …
  • -Sécuriser les temps de vie les plus difficiles par rapport au travail : jeunesse (moins de 30 ans) et séniors (+45 ans)
  • - Conforter l’égalité Femmes/Hommes par un index obligatoire avec des pénalités financières…
  • - Assurer un droit effectif à l’accompagnement et à l’information via le Conseil en Evolution Professionnelle (CEP)
  • - Sécuriser et faciliter les reconversions professionnelles

Prendre en compte les attentes sociétales
Les actifs cherchent aussi de plus en plus à donner du sens à leur travail. Ils ont donc de nouvelles attentes en termes de Responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise (RSE), de valorisation personnelle.
L’entreprise doit donc faire partager sa vision, ses valeurs, et surtout les mettre en application dans sa politique Ressources-humaines.
Plus largement, pour l’ensemble des entreprises mettant en valeur la RSE, il ne peut y avoir de distorsion entre le discours vers l’extérieur et les pratiques internes.

  • -Faire évoluer les pratiques managériales pour faciliter l’épanouissement personnel des salarié.es, leur autonomie, donner du sens au travail
  • -Accompagner les PME-TPE volontaires pour mettre en place une démarche RSE
  • -Développer le tutorat en entreprise pour accompagner les nouveaux arrivants…
  • - Faciliter une gouvernance partagée, avec un dialogue social de qualité
  • -Veiller à une politique d’achat exigeante, vertueuse dans le domaine environnemental et responsable
  • -Mettre en place une politique de recrutement qui ne soit pas discriminatoire

Concilier les temps de vie
Malgré le développement du temps partiel choisi, du télétravail, la conciliation des temps de vie est complexe et dépend du secteur professionnel, de la position dans l’entreprise (cadres/ non cadres), des politiques mises en place par l’entreprise, du lieu d’habitation…
Les femmes sont les premières victimes de la difficulté à bien articuler les temps de vie et notamment celles qui sont en situation monoparentale avec des revenus modestes et des horaires atypiques et parfois en plus pénalisées par le temps partiel subi. Bien que moins nombreux, les hommes peuvent aussi être concernés.

D’une part, les difficultés dans le cumul des tâches (travail et maison, garde des enfants…) peuvent avoir un impact sur leur investissement et donc leur évolution de carrière.
D’autre part, leur cantonnement à des secteurs professionnels essentiels (éducation, santé, aide à domicile…) mais peu rémunérateurs sont aussi des paramètres à prendre en compte.
Le télétravail, lorsqu’il est une possibilité accordée au salarié, peut apporter un certain confort dans son travail, mais il rend de plus en plus floue la frontière entre vie professionnelle et vie privée.
Il met en lumière l’illectronisme ainsi que les difficultés d’adaptation et d’organisation du travail des managers et de leurs équipes au distanciel.
Le télétravail peut être une source de fracture dans et hors l’entreprise entre ceux qui y ont accès et les autres (activités télétravaillables vs activités non télétravaillables).
Tous les négociateurs au niveau de la branche comme au niveau des entreprises doivent s’emparer de ce sujet en réfléchissant sur les activités télétravaillables plutôt que sur les emplois.

  • -Résoudre les freins périphériques qui pèsent sur les temps de vie : Mobilité, accueil pour la petite enfance, aménagements horaires pour les aidants, …
  • -Aménager, mieux compenser financièrement les situations d’horaires atypiques
  • -Lutter contre le temps partiel subi et considérer le travail du dimanche sur la base du volontariat…
  • -Étendre dans le secteur public et privé un Compte épargne temps universel (CETU) transférable.
  • -Expérimenter puis évaluer la semaine de 4 jours sans perte de salaire.
  • -Faire de la lutte contre l’illectronisme une priorité, comme celle contre l’illettrisme.

En conclusion, l’UNSA a remis au cœur de cette question du rapport au travail, la thématique des salaires et de l’attractivité des métiers.

Les problématiques de mutation organisationnelle de l’entreprise ne doivent pas masquer le phénomène d’appauvrissement d’un nombre croissant de travailleurs, amplifié par l’inflation .

L’UNSA a mis en avant les effets désastreux des réformes du gouvernement sur l’assurance chômage et les retraites qui auront pour effet de réduire les périodes d’indemnisation d’un côté et de rallonger la durée du travail de l’autre.

Elles pourraient contraindre des salariés notamment les séniors et les femmes à reprendre des emplois déqualifiés, voire qualifiés mais moins rémunérés entraînant donc une dégradation de leur rapport au travail et de leur pouvoir d’achat .

L’UNSA portera, le moment venu, ces sujets essentiels à fort impact sur la relation des actifs au travail, dans les futures négociations annoncées par le président de la République et le gouvernement autour d’une nouvelle loi travail.

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