Logement : une crise multiple qui appelle une mobilisation plus énergique de l’État


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La Fondation Jean Jaurès a récemment publié une enquête menée auprès de 10 000 personnes sur le rapport des Français à leur logement, dans un contexte caractérisé par la pénurie et par la problématique de la rénovation énergétique.

Le secteur du logement représente 20% des émissions de gaz à effet de serre. La rénovation énergétique s’impose donc comme une nécessité croissante dans ces temps d’urgence climatique et de crise de l’énergie. La loi Climat et résilience d’août 2021 prévoit que des logements de classes énergétiques éloignées des critères fixés ne pourront plus être proposés à la location : d’ici 2025, pas moins de 600 000 logements sont concernés. Si on se projette à l’échelle d’une dizaine d’années, ce sont près de 4 millions de logements qui ne pourront plus être loués s’ils ne font pas l’objet d’une rénovation. Si les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer en la matière, rien ne peut se faire sans le concours des copropriétaires. Le risque est réel qu’un volume très important de logement sorte du marché alors que l’offre manque et que le secteur traverse une crise profonde. L’enquête de la Fondation Jean Jaurès révèle une incontestable prise de conscience quant à la nécessaire rénovation énergétique des logements, mais les actes ne suivent pas encore à hauteur des enjeux.

Plus généralement, les professionnels du logement et les observateurs s’accordent pour considérer que tous les voyants sont au rouge, combinant une crise de l’offre et de la demande. Les prix continuent à augmenter tant dans le neuf que dans l’ancien et le volume des transactions chute. Quant au nombre des prêts immobiliers, il s’effondre. L’augmentation des coûts de l’énergie a de son côté renchéri la production de logements : les coûts de construction ont augmenté de 30% depuis deux ans et les promoteurs immobiliers admettent que la moitié des permis de construire délivrés ne connaitront pas de suite. De même, l’accession sociale est aussi concernée et les prévisions sont peu encourageantes : la production de logements sociaux va continuer à chuter.

Dans ce contexte, on observe cependant des évolutions quant aux attentes des Français. Un tiers des personnes enquêtées aspirent à déménager, notamment les plus jeunes et les locataires. La consultation des annonces immobilières comme les contacts avec des agences ou encore auprès des banques en vue de contracter un prêt sont tous à la hausse. Une autre tendance se confirme, qui pousse à déménager vers des zones moins denses. Les mouvements de population des grandes villes vers les plus petites se poursuivent alors que les politiques publiques ont tout fait depuis plusieurs décennies pour, à l’inverse, renforcer la métropolisation. Les personnes enquêtées aspirent en effet au calme, à la tranquillité et à la proximité plutôt qu’au « dynamisme » et à la « vitalité », notions associées aux espaces densément urbanisés. L’impact de ces évolutions sur l’aménagement du territoire et sur le fonctionnement de l’économie gagnerait à être anticipé. La question de l’artificialisation des sols se pose aussi clairement car, en majorité, les aspirations se tournent vers l’habitat individuel.

Lors de la réunion du Conseil national de la refondation entièrement consacré au logement, le ministre Olivier Klein a admis que le secteur était en crise. Pour l’UNSA, les mesures engagées jusqu’à présent par les pouvoirs publics ne sont pas de nature à la surmonter. Si la prise de conscience est là, les moyens déployés sont clairement en dessous des besoins.

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