Plan investissement dans les compétences (PIC) : un bilan mitigé
La nouvelle évaluation du PIC met en lumière la forte augmentation des entrées en formation des demandeurs d’emploi depuis 2019 et parallèlement un impact décevant pour les moins qualifiés d’entre eux.
Dans un contexte de réforme de l’assurance chômage et de problématique de métiers en tension, l’UNSA constate que ses premières réserves sur le PIC étaient justifiées.
Avec 1,64 million de bénéficiaires en 2021 contre 801 000 en 2017, la hausse du taux d’accès des demandeurs d’emploi à la formation est significative.
Elle découle de façon logique d’un effort financier sans précédent de 15 milliards d’euros de crédits sur 5 ans.
Cette augmentation n’a cependant pas profité massivement aux moins diplômés : leur part dans le total des entrées en formation reste identique à la période précédente. Constat analogue s’agissant des jeunes.
Malgré une offre de formation plus large et adaptée (remise à niveau, accès à la qualification…) pour les moins qualifiés, ces derniers ont toujours moins accès à la formation que les plus diplômés.
Les freins sont récurrents : mauvaise répartition des formations sur le territoire avec les zones rurales pénalisés, carence de l’accompagnement, problème de recrutement par les organismes de formation qui -parfois pour des raisons économiques- privilégient les plus qualifiés…
Sans compter la lenteur entre la prescription et l’entrée en formation. Seule une prescription sur deux aboutit.
L’évaluation confirme en outre une mauvaise coordination entre les acteurs dans les territoires par manque de moyens dédiés. L’absence de collaboration, par exemple avec les départements, handicape l’efficacité du dispositif pour les bénéficiaires du RSA.
Ce cloisonnement et le déficit d’harmonisation entre les régions restent une préoccupation majeure pour l’UNSA, à l’heure où le gouvernement annonce la disparition du Haut-commissariat aux compétences (HCC), qui était l’une des interfaces entre les différents acteurs.
Enfin, sur les secteurs en tension ciblés par le PIC (secteur de la transition énergétique et domaine sanitaire et social), les résultats sont mitigés, hormis pour les formations au numérique.
Pour l’UNSA, la formation ne permet pas de résoudre seule cette problématique. L’attractivité des métiers en termes de salaires et de conditions de travail demeure le paramètre essentiel.
Plus globalement, alors que la baisse des moyens alloués au PIC se profile, l’UNSA continuera à demander un effort budgétaire accru pour la formation des plus fragiles.
Mais comme le démontre l’évaluation, cette dimension financière doit s’accompagner d’une amélioration qualitative du dispositif et de sa gouvernance.
À cet égard, pour l’UNSA, les faiblesses du PIC sont très instructives.
À l’heure de l’ouverture de la concertation sur la mise en place de France travail, un nouvel outil censé, selon le gouvernement, faciliter l’accès à l’emploi et à la formation, ce rapport tombe à PIC !
A lire, la 3 e évaluation du PIC par le Comité scientifique et la DARES :