« Un jeune-une solution » : des gagnants et des perdants


https://www.unsa.org/3127

Dans un contexte de remontée du chômage des jeunes, le rapport d’évaluation du plan « 1 jeune, 1 solution » réalisé par France Stratégie éclaire utilement l’efficacité des dispositifs dédiés à l’insertion professionnelle des jeunes.

L’alternance -en premier lieu l’apprentissage- est la grande gagnante du plan « 1 jeune 1 solution »* . Elle a capté 80 % des crédits budgétaires du plan (période 2020-2022) soit 8,9 milliards d’euros sur les 12,1 milliards dédiés.
Par ailleurs, l’apprentissage compte pour la moitié de la croissance du taux d’emploi des jeunes sur la période.
Les autres dispositifs, notamment ceux dédiés aux plus éloignés de l’emploi (comme la garantie jeunes) mais également les contrats de professionnalisation, ont rencontré moins de succès.
La baisse du recours à ce dernier dispositif (près de 10 % de 2020 à 2022) se poursuit. En revanche, il est le seul à voir la part des jeunes d’un niveau inférieur au bac augmenter.

Les bénéficiaires de l’apprentissage sont de leur côté de plus en plus diplômés (avec une chute de la part des jeunes de qualification infra bac de 45 à 30 %) et plus âgés.

Un effet lié à l’explosion de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur

Un coût très élevé pour les finances publiques

Rappelons ici que le plan de relance a ouvert l’aide exceptionnelle (630 millions d’euros pour 2020, 4 milliards d’euros pour 2021 et 4,2 milliards pour 2022) aux entreprises de plus de 250 salariés sans distinction.
80 000 contrats d’apprentissage auraient été créés par cette mesure (30% seulement pour les jeunes infra bac).
Ces aides ont par ailleurs accru l’apprentissage de jeunes de niveau supérieur au bac dans les TPE-PME.
Lancé en mars 2022, le Contrat d’engagement jeune (CEJ) ne semble pas avoir davantage couvert l’ensemble des besoins pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi puisqu’ils ne compensent pas le recul du nombre d’entrées dans les dispositifs qu’il doit remplacer (Garantie jeunes, Accompagnement intensif des jeunes - AIJ).
En ce début d’année, malgré tous ces dispositifs, le taux de chômage des jeunes demeure très élevé (17,6 % pour les 15-24 ans) et gonfle ces derniers mois, corrélé à la tendance générale.
L’objectif de réduction du nombre de NEETS (jeunes ni en emploi, ni en étude, ni en formation) est toujours loin d’être atteint.
L’UNSA demande à nouveau qu’au-delà des bilans quantitatifs généraux une réelle évaluation des politiques publiques et des crédits financiers soit réalisée afin de les orienter en priorité vers les jeunes les plus éloignés de l’emploi.
À cet égard, le ciblage des aides généreuses à l’apprentissage (20 000 € la création d’emploi par apprenti !) et l’efficacité du CEJ notamment devrait être enfin examiné.

À plus long terme, la forte inflexion adéquationniste formulée sans complexes par le Président de la République lors de sa conférence de presse du 16 janvier constitue pour l’UNSA une source d’inquiétude.

*« Un jeune, une solution » avait pour objectif, en juillet 2020, de contrer les effets de la crise Covid sur l’insertion des jeunes en dynamisant plusieurs dispositifs : contrats aidés, accompagnement des jeunes (AIJ), Garantie jeunes, Plan d’investissement dans les compétences (PIC)…

Lire le rapport d’évaluation de France Stratégie :

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