L’UNSA soutient les travailleurs de l’habillement du Bangladesh
Onze ans après le dramatique accident du Rana Plaza et ses quelque 1100 morts, les ouvriers et ouvrières du textile sont toujours empêchés.ées de défendre leurs droits.
En juin dernier, des centaines de milliers de bangladais.es descendaient dans la rue pour protester contre un système injuste de quotas pour le recrutement de fonctionnaires. Le gouvernement avait en effet choisi de donner la priorité aux descendants des victimes de la guerre d’indépendance de 1971. Le premier ministre a certes pris la fuite et le système a été largement revu.
Mais la manifestation de juin a été réprimée dans le sang, causant 560 morts et environ 150 000 blessés. Parmi eux, essentiellement, des travailleurs.euses et des étudiants.es.
La Fédération nationale des travailleurs de l’habillement (NGWF) réclame une justice immédiate pour ces morts, parmi lesquels 11 travailleurs de l’habillement, dont 5 membres de la Fédération syndicale, qui compte aussi 50 blessés et 100 arrestations dans ses rangs. Elle exige la libération immédiate et sans conditions de tous les travailleurs.euses de l’habillement arrêtés.ées.
L’UNSA s’associe à la Confédération Syndicale Internationale (CSI) et à la fédération internationale UNI Global Union pour dénoncer la répression exercée par le gouvernement bangladais. Le Bangladesh est classé parmi les pires pays au monde pour les travailleurs et les travailleuses par l’indice CSI des droits dans le monde.
Ces syndicalistes, qui risquent leur vie lorsqu’ils manifestent, n’avaient pas hésité à défiler dans la rue en janvier 2023 pour exprimer leur soutien au mouvement français contre la réforme des retraites. Aussi, l’UNSA relaie aujourd’hui volontiers l’appel de la Fédération nationale des travailleurs de l’habillement (NGWF).
Au nom des 4,2 millions de travailleurs et travailleuses de l’habillement, la fédération NGWF demande au gouvernement intérimaire des mesures urgentes pour les ouvriers.ères. On parle, entre autres, d’accès à la santé, de rémunération décente et de droit à manifester. L’UNSA les soutient fermement dans cette démarche et dans leur exigence d’une réforme du droit du travail bangladais, qui doit être mis en conformité avec les conventions 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective de l’Organisation internationale du travail (OIT). Ces conventions fondamentales sont applicables de droit à tous les membres de l’OIT, dont le Bangladesh. Parmi les priorités de ces textes figure la lutte contre les discriminations. Les travailleuses bangladaises revendiquent tout particulièrement une égalité de traitement entre les femmes et les hommes tant dans leurs droits familiaux qu’en termes de salaire.
Alors que l’économie et la production sont globalisées, il nous appartient en tant qu’organisation syndicale de nous assurer que les conditions de travail de ces régions, qui ne sont rien d’autre que les ateliers du monde, soient sécurisées et améliorées. C’est également le sens de la directive européenne du 13 juin 2024 sur le devoir de vigilance. Elle exige des entreprises et de leurs partenaires en amont et en aval de prévenir, stopper ou atténuer leur impact négatif sur les droits humains (et l’environnement), y compris aux niveaux de l’approvisionnement, de la production et de la distribution.
Rappelons la position de l’UNSA dans sa résolution générale adoptée à Dijon en 2023 : « Dans ce monde marqué par une forte interdépendance entre les pays, l’UNSA continuera à s’impliquer pour construire et faire respecter les droits des travailleuses et des travailleurs et à agir pour un meilleur partage des richesses dans le monde, notamment à travers l’Organisation Internationale du Travail (OIT), mobilisée pour la justice sociale et pour une mondialisation équitable. »
Crédit image : https://ngwfbd.com/