Rapport IGAS sur les assistantes maternelles : un diagnostic à saluer mais quelques propositions surprenantes

L’UNSA a pris connaissance avec intérêt du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) sur l’accueil du jeune enfant par les assistantes maternelles. Il dresse un diagnostic lucide sur la crise d’attractivité du métier, confirmant nos alertes maintes fois exprimées.
Un diagnostic partagé
L’UNSA se félicite que le rapport souligne le manque criant de reconnaissance des professionnelles, la pénibilité, l’isolement professionnel, la précarité d’emploi, la complexité de la relation avec le parent employeur et les risques qu’elle comporte (impayés, ruptures de contrat fréquentes…). Il pointe aussi l’urgence démographique, en alertant sur la vague massive de départs en retraite. Sans action forte pour attirer de nouveaux professionnels, elle conduira à une pénurie de places d’accueil préjudiciable à toutes les familles et en particulier pour les parents qui souhaitent reprendre un emploi.
Au-delà de ce diagnostic, l’UNSA accueille favorablement les propositions qui tendent à une véritable professionnalisation et qui confortent la sécurisation des carrières. Le renforcement de la formation et le changement de nom du métier pour une appellation non genrée et plus valorisante figurent aussi au nombre de nos revendications.
La mise en avant du modèle des crèches familiales comme voie d’avenir pour sécuriser l’emploi et rompre l’isolement est une bonne idée. Elle soulève cependant la question des moyens des collectivités territoriales, aujourd’hui exsangues…
La volonté de mieux garantir les salaires face aux impayés est également à saluer. Mais faire reposer sur l’assurance chômage l’irresponsabilité de certains employeurs pose question… Par ailleurs, l’UNSA conteste toute obligation d’adhésion à Pajemploi+ tant que ce service ne sera pas à même de respecter l’intégralité des droits conventionnels et les spécificités négociées dans chaque contrat de travail.
Le rapport propose un bloc de formation unique de 180 heures avant tout accueil. Si l’intention de renforcer la formation initiale est louable, nous regretterions la suppression du second module post-accueil. Ce moment permet aux professionnels de revenir en formation avec une première expérience de terrain, de partager des cas concrets et de se poser des questions pertinentes. Plutôt que de supprimer ce temps d’échange, nous proposons de maintenir une formation en deux temps, tout en renforçant le premier bloc pré-accueil.
Des lignes rouges et des questions en suspens
Le rapport suggère d’aligner les normes des maisons d’assistantes maternelles (MAM) sur celles des Établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE). C’est une très mauvaise idée. Les MAM sont une innovation plébiscitée par les professionnels et les parents justement pour leur souplesse. Ne complexifions pas inutilement un modèle qui a démontré sa pertinence. Le recours à une assistante maternelle doit rester un mode d’accueil individuel, y compris en MAM.
Revaloriser le salaire minimum légal à un tiers de SMIC horaire par enfant est par ailleurs une piste insuffisante pour répondre au choc d’attractivité dont le secteur a besoin. L’UNSA revendique un minimum légal de 0,4 SMIC par heure et par enfant accueilli.
L’idée que les Relais petite enfance (RPE) puissent aider à organiser les remplacements en cas d’absence est une recommandation intéressante. En revanche, nous nous opposons à toute forme de "tutorat" organisé par les RPE qui instaurerait une relation hiérarchique. Le RPE doit rester un lieu d’aide et de complémentarité au service de la qualité d’accueil.
L’UNSA salue donc ce travail comme l’amorce d’une discussion nécessaire sur la revalorisation de la profession. Nous serons très vigilants lors d’éventuelles concertations afin qu’elles se traduisent par des avancées concrètes pour les professionnelles, assorties de financements adéquats. Le temps des constats est terminé, place aux actes !
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