Conflit armé au Soudan : le décryptage de l’UNSA


https://www.unsa.org/4399

Certains conflits font la une, d’autres se déroulent dans l’ombre, tuant et affamant des populations loin des caméras et du tumulte géopolitique mondial. Régulièrement, l’UNSA proposera un éclairage sur ces zones délaissées, rappelant que derrière chaque conflit se trouvent des femmes, des hommes et des enfants qui souffrent et meurent chaque jour, tandis que ces crises fragilisent la paix et la stabilité internationales.

Un pays meurtri par des décennies de violence

Le Soudan, vaste pays de plus de 50 millions d’habitants grand comme trois fois et demi la France, est secoué depuis son indépendance en 1956 par des guerres internes et des régimes autoritaires. De 1989 à 2019, la dictature d’Omar el-Béchir a laissé un pays ruiné, marqué par la corruption, les crimes de masse et la guerre du Darfour, qui a causé des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés.

Depuis avril 2023, le Soudan est à nouveau plongé dans la guerre laissant dans son sillage la famine, la malnutrition, des déplacements massifs de population et une insécurité permanente. Le conflit oppose les Forces armées soudanaises (FAS) aux Forces de soutien rapide (FSR), issues du coup d’État de 2021 qui a interrompu la transition démocratique engagée après la chute d’el-Béchir. Ce conflit fratricide, né à Khartoum, s’est rapidement étendu à d’autres régions du pays, notamment au Darfour, déjà meurtri par les violences passées.

Une crise humanitaire d’une ampleur inédite

L’ONU qualifie cette guerre de crise humanitaire et migratoire la plus grave au monde.

Près de 30 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire – soins de santé, nourriture, abris…. Près de 20 000 civils tués et plus de 14 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays ou réfugiées dans les Etats voisins, dans des camps surpeuplés aux conditions de vie précaires. Les femmes et les enfants sont particulièrement exposés aux violences, à la faim et à la malnutrition.

La guerre a plongé le pays dans une profonde crise économique. Le carburant nécessaire aux générateurs et les denrées alimentaires sont devenus inabordables pour une grande partie de la population, accentuant la famine qui touche déjà plusieurs zones du Darfour du Nord et des Monts Nouba.

Le système de santé est au bord de la rupture, avec des hôpitaux attaqués ou détruits et un personnel médical contraint de fuir. L’UNICEF et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’efforcent de relancer la vaccination des enfants contre le paludisme et le choléra, un enjeu sanitaire majeur. Les Nations Unies estiment à 6 milliards de dollars les fonds nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires rien que pour 2025. Mais l’acheminement de l’aide est entravé par l’insécurité généralisée sur les routes, qui met aussi en danger les travailleurs humanitaires.

Libertés et droits sociaux anéantis

Le conflit s’accompagne d’un effondrement des droits fondamentaux.

La Confédération syndicale internationale (CSI) alerte depuis avril 2023 : aucune paix durable n’est possible sans respect des droits humains et sociaux ni rétablissement d’un cadre démocratique et social. Dans son indice 2025 des droits dans le monde, la CSI classe le Soudan parmi les pays les plus répressifs : absence d’État de droit qui rend impossible le dialogue social, violation systématique des libertés collectives et interdiction de constituer ou de s’affilier à un syndicat, le mouvement syndical indépendant ayant été réduit à néant il y a quelques années.

Des ingérences internationales au cœur du conflit

Les richesses naturelles et ressources stratégiques du Soudan — or, cobalt, uranium, hydrocarbures, vastes terres agricoles et eaux du Nil — en font un territoire hautement convoité. Les Émirats arabes unis et le groupe paramilitaire russe Wagner soutiennent les FSR en échange d’un accès privilégié aux ressources nationales, tandis que la Chine, par ses investissements massifs, accentue la dépendance économique et financière du pays. Ces ingérences étrangères attisent la guerre et plongent davantage encore la population civile dans la précarité et la violence.

Une crise totale qui appelle une mobilisation internationale

À tous égards, le conflit soudanais est d’une gravité exceptionnelle et l’un des plus complexes au monde. Il combine destruction de l’Etat et des services publics, effondrement humanitaire, atteintes aux droits humains et appétits économiques extérieurs.

Face à cette tragédie, l’UNSA :
• exprime sa profonde inquiétude sur les graves risques de déstabilisation menaçant la paix, la sécurité et les équilibres régionaux et internationaux engendrés par ce conflit et ses ingérences extérieures ;
• alerte la communauté internationale sur l’urgence humanitaire, sanitaire et sécuritaire ;
• appelle à une mobilisation immédiate pour instaurer un cessez-le-feu, protéger les populations, garantir un accès sûr et durable à l’aide humanitaire et assurer au peuple soudanais la souveraineté sur ses terres et ses ressources ;
• rappelle que la paix durable passe par le respect des droits humains, syndicaux et sociaux, condition indispensable pour une véritable reconstruction démocratique et économique.

Crédits photo : licence Créative commons

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