Conseil européen d’octobre 2025 : des discours ambitieux, peu de décisions
Réunis à Bruxelles les 23 et 24 octobre, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne (UE) ont affiché une unité de façade face aux grands défis du moment : guerre en Ukraine, défense européenne, compétitivité, transition écologique et numérique. Pour l’UNSA, ce sommet illustre les limites d’une méthode européenne qui privilégie les déclarations consensuelles au détriment des décisions concrètes. Une fois encore, les questions sociales et de travail, pourtant essentielles à la cohésion européenne, sont restées en marge des priorités.
Ukraine : la solidarité européenne ne peut attendre
Les dirigeants ont confirmé leur appui “aussi longtemps qu’il le faudra” à l’Ukraine et adopté un 19ᵉ paquet de sanctions contre la Russie. En revanche, la décision attendue sur le prêt de reconstruction financé par les avoirs russes gelés a été repoussée, faute d’unanimité. La Belgique, dépositaire de ces fonds, a mis en garde contre les risques financiers d’un dispositif mal sécurisé juridiquement par la Commission européenne. Pour l’UNSA, ce report fragilise la crédibilité européenne et retarde une aide essentielle pour l’Ukraine.
Défense : la sécurité ne peut se limiter au militaire
Les Vingt-Sept ont validé une feuille de route pour bâtir d’ici 2030 une capacité européenne de défense. Si cette ambition peut se comprendre dans un contexte géopolitique tendu, l’UNSA s’inquiète d’un déséquilibre croissant entre dépenses militaires et investissements sociaux, éducatifs ou climatiques. La sécurité des Européens passe aussi par la cohésion sociale, la solidarité et la réduction des inégalités.
Compétitivité : une simplification qui se transforme en dérégulation
Autre priorité du sommet : la relance de la compétitivité européenne et la simplification réglementaire. Pour l’UNSA, l’efficacité et l’innovation sont nécessaires mais elles ne doivent pas servir de prétexte à un recul des droits sociaux et environnementaux.
La présidente de la Commission européenne a utilisé le terme de « dérégulation » lors du sommet de Copenhague début octobre. Il ne s’agit donc plus que de simplification. Pour l’UNSA, cette orientation dangereuse est incompatible avec une Europe durable qui protège ses travailleurs.euses et garantit des transitions justes.
Logement : un sujet relégué
La crise du logement n’a été qu’effleurée par le Conseil, renvoyée à la Commission européenne. Dans un contexte où des millions d’européens peinent à se loger dignement, cette absence d’engagement concret est inacceptable. L’UNSA rappelle que le logement, la protection sociale et les services publics sont des piliers de la stabilité européenne. Ils doivent être considérés comme des priorités stratégiques au même titre que la défense ou la compétitivité.
Pour une Europe des actes, pas des annonces
Antonio Costa, le président du Conseil européen, a salué un “sommet des décisions”. Pourtant, derrière les discours, peu d’avancées réelles. Pour l’UNSA, le Conseil européen doit dépasser la logique de communication et assumer pleinement sa responsabilité politique.
L’Europe ne sera forte que si elle est juste. À l’heure où s’élaborent le futur cadre financier pluriannuel et la stratégie industrielle européenne, l’UNSA exprimera une exigence claire : une Europe protectrice, solidaire et sociale, capable de répondre aux attentes concrètes des citoyens — emploi, pouvoir d’achat, services publics et transition juste.
Crédit image Conseil européen