En France aussi, le travail tue !
Alors que les gouvernements et les ministres du Travail se succèdent à un rythme soutenu, les problématiques de santé et de sécurité au travail demeurent inchangées, voire s’aggravent. Le rapport 2023 de l’Assurance Maladie-Risques Professionnels est une nouvelle fois alarmant. Pour l’UNSA, il y a urgence à agir : le travail tue !
En 2023, l’Assurance maladie dénombre 759 décès parmi les accidents du travail reconnus, soit 21 de plus qu’en 2022. Le nombre de décès dus à un accident du trajet connait également une augmentation (de 286 en 2022 à 332 en 2023). Ceux liés à une maladie professionnelle enregistrent une très légère baisse, passant de 203 à 196.
Plus de la moitié des accidents mortels sont dus à des malaises. Leur cause -professionnelle ou non- reste souvent peu documentée, conduisant les employeurs à en minorer leur responsabilité. Le risque routier représente quant à lui 12 % des décès, tandis que les suicides en constituent 4 %. Les jeunes comptent pour moins de 5% des accidents du travail mortels. Toutefois, plus de 60 % de leurs décès sont survenus moins d’un an après la prise de poste.
Les secteurs d’activité les plus touchés par des accidents mortels sont les transports (157 décès), le BTP (149) ou encore les services comme le travail temporaire, l’action sociale, la santé ou le nettoyage (131).
Ces données s’inscrivent dans un contexte préoccupant. Depuis 20 ans, le nombre de morts liés au travail (accidents et maladies professionnelles) ne diminue plus. Et ce constat est à mettre en regard avec une autre réalité toute aussi inacceptable car la moitié des employeurs - publics comme privés - ne respectent pas leurs obligations légales en matière de santé et de sécurité au travail. La loi exige d’eux un diagnostic et une évaluation des risques professionnels mis à jour régulièrement et l’élaboration de plans de prévention pour en diminuer voire neutraliser l’impact sur les travailleurs. Cette obligation existe depuis 20 ans. Il est temps que les pouvoirs publics agissent concrètement pour sanctionner puis accompagner les contrevenants.
Pour l’UNSA, ces constats illustrent les limites des politiques publiques actuelles. Car au-delà de tuer, le travail rend malade, voire invalide et impacte durablement la vie de centaines de milliers de travailleurs et travailleuses. Chaque année, on estime ainsi entre 100 000 et 130 000 déclarations d’inaptitude. Contrairement aux pays nordiques, où l’adaptation du travail est privilégiée, les employeurs français optent souvent pour des solutions radicales telles que le licenciement ou la mise en retraite anticipée.
L’UNSA en appelle au nouveau Premier ministre. La question de la santé et de la sécurité au travail doit devenir une priorité. La ministre démissionnaire avait indiqué son intention de travailler avec l’ensemble des parties prenantes sur ce dossier. L’UNSA appelle le nouveau gouvernement à relancer ce chantier sans délai.
Pour aller plus loin, consultez le Rapport annuel 2023 de l’Assurance Maladie relatif aux risques professionnels.
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