Pour l’UNSA, face à la crise, il faut construire les protections de demain
Ce lundi 25 janvier, l’UNSA et France Assos Santé étaient conviées par la FNMF à une table ronde sur les enjeux de la crise sanitaire. L’UNSA y a développé la façon dont elle aborde la question pour améliorer la protection sociale et les protections de demain. C’est devant une centaine de mandatés locaux de la mutualité française que Frédérique GALLIAT, Conseillère nationale en charge de la protection sociale et des questions de santé est venue présenter la vision de l’UNSA.
Les conséquences de la crise sur le système de protection sociale
L’UNSA a ainsi rappelé qu’avant la crise sanitaire, les finances de la Sécurité sociale oscillaient (entre -2 et -5 Md€) et qu’un retour à l’équilibre était envisagé pour 2023 avec une extinction de la CADES pour 2025. Pour l’UNSA, cela aurait permis de libérer des marges de manœuvre (14Md€/an) pour le financement de la dépendance et des retraites.
Malheureusement, la crise sanitaire a tout fait basculer, et les mesures prises pour éviter à l’économie de sombrer sont venues percuter de plein fouet notre système de protection sociale. Et pour cause, on assiste depuis le début de la crise à une forte baisse des recettes (chômage partiel, report de cotisations, baisse de la consommation) alors que la hausse des dépenses, dont certaines peuvent raisonnablement poser question, est conséquente.
Aujourd’hui, on est en effet en droit de se demander si c’est à l’Assurance Maladie de porter les dépenses de garde d’enfants du confinement, de prendre en charge la perte de revenus des professionnels de santé ou de prendre en charge quelque 15 Md€ de dépenses supplémentaires (hors ONDAM et mesures Segur). L’UNSA pense que non, et pousse pour que la dette née de la crise COVID et de sa gestion soit reprise par l’Etat.
Après avoir posé cet état des lieux, l’UNSA a appelé à faire bouger les lignes. Car si elle est persuadée que notre système de protection sociale est précieux, il est également perfectible.
Le but à terme, est que tout un chacun puisse se prémunir contre les aléas de la vie.
Or aujourd’hui, toute une frange de la population n’est pas équipée pour ce faire ; il s’agit notamment des travailleurs bien souvent précaires des plateformes numériques, mais aussi des CDD, des temps partiels. Phénomène nouveau, les travailleurs indépendants ne sont pas épargnés par la crise puisque, on l’a vu avec les confinements, ils peuvent se retrouver sans aucune protection ni ressources du jour au lendemain.
Pour l’UNSA, il faut donc que ces situations soient interrogées collectivement. Comment mettre en place une protection pour tous, et doit-on le faire ? Pour quels droits ? Avec quel système de financement ?
A cette occasion, Frédérique GALLIAT a rappelé que l’UNSA a milité pour que ces questions soient abordées dans le cadre du HCFIPS et que son organisation participe activement aux travaux, afin que les uns et les autres, quel que soit leur statut, puissent mieux se prémunir dans le futur.
Les fonds de la taxe Covid doivent servir aux salariés
Sur la taxe COVID, l’UNSA a rappelé qu’elle avait très rapidement pris position en expliquant qu’il était nécessaire de prendre du recul pour analyser les phénomènes de renoncement aux soins durant le 1er confinement. C’est pour cette raison que l’UNSA avait proposé que les 1,5 Md€ soient fléchés vers un fonds dédié au financement de la portabilité de la complémentaire santé notamment en cas de faillite des entreprises, ou encore pour les salariés dont un passage en invalidité les priverait de ce droit.
Un possible fonds d’indemnisation des victimes de la COVID longue ?
La proposition de loi pour la création d’un fonds d’indemnisation des victimes de la COVID longue, est soutenue par l’UNSA, car aujourd’hui, le seul dispositif de reconnaissance en maladie professionnelle est tout aussi imparfait qu’incomplet.
Projet de loi santé au travail, la prévention doit prendre de l’ampleur
Enfin, concernant le projet de loi sur la santé au travail, l’UNSA estime que le sujet n’est pas déconnecté des débats, puisqu’une nouvelle crise sanitaire n’est pas à exclure dans les années à venir.
Or, lors de la 1ère vague du printemps 2020, de nombreux travailleurs essentiels au quotidien des Français ont été plus fortement exposés au virus. S’ajoute à ce constat une relation avérée entre la présence de comorbidité(s) et le risque de développer une forme grave de la COVID qui pour l’UNSA, doit conduire plus que jamais, à changer de paradigme en matière de santé et de santé au travail.
Il faut donc, se donner les moyens nécessaires pour que la médecine de demain devienne préventive et non plus quasi exclusivement curative.
C’est en ce sens que l’UNSA va porter plusieurs amendements au projet de loi sur la santé au travail.
Un de ceux-ci consistera à proposer une fusion du Dossier Médical Partagé (DMP) et du Dossier Médical de Santé au Travail (DMST) afin que l’ensemble des acteurs de la santé (à la ville comme à l’hôpital ou au travail) puisse accéder aux mêmes outils pour être plus efficaces.
Un autre amendement porté par l’UNSA consistera à rendre obligatoire la Commission Santé Sécurité et Conditions de Travail (CSSCT) dans toutes les entreprises disposant d’un CSE afin de renforcer la place de la prévention dans l’entreprise. L’organisation syndicale estime en effet que cela fait partie des voies d’amélioration de l’état de santé de la population qui pourrait donc être moins exposée dans le futur.