État de l’Union 2025 : un discours sous tension, entre gages politiques et attentes sociales


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Chaque année en septembre, la présidente de la Commission européenne prononce devant le Parlement son discours sur l’état de l’Union. Cet exercice institutionnel est à la fois un bilan, une feuille de route et un moment politique fort, qui donne le ton et l’orientation des débats. Cette année, ce discours et l’échange qui a suivi avec les eurodéputés s’est tenu dans un climat particulièrement tendu.

La guerre en Ukraine s’éternise et les attaques russes s’étendent. Le conflit israélo-palestinien s’aggrave, plongeant le Proche-Orient dans une crise humanitaire et politique majeure. L’accord commercial signé avec les Etats-Unis pendant l’été n’a pas réglé les différends. Par ailleurs, à Bruxelles, la présidente de la Commission est elle-même fragilisée par une motion de censure déposée cet été, des critiques venues de son propre camp politique, le PPE, et une coalition difficile à maintenir. Sa marge de manœuvre est réduite.

Sur le plan international, la présidente de la Commission a réaffirmé le soutien de l’UE à l’Ukraine avec un nouveau paquet de sanctions et l’organisation d’un sommet international pour le retour des enfants ukrainiens enlevés à leurs familles. Ursula von der Leyen a franchi un pas important en annonçant des sanctions contre Israël. Elle propose de cibler des ministres qualifiés d’extrémistes et des colons impliqués dans des violences et de suspendre partiellement l’accord d’association, en particulier son volet commercial. Si la mise en œuvre de ces mesures risque de se heurter au veto de plusieurs gouvernements, le signal est clair. Il est renforcé par l’adoption d’une résolution par le Parlement européen – la première depuis le 7 octobre 2023 - exigeant un cessez-le-feu immédiat, la levée des blocages humanitaires et la suspension des transferts d’armes.

Sur le plan social, Ursula von der Leyen a enfin répondu à une attente syndicale majeure en annonçant que des initiatives législatives, dont il reste à préciser les contours, seront insérées dans la feuille de route pour des emplois de qualité. Elle a également évoqué le lancement d’une stratégie européenne de lutte contre la pauvreté, avec une priorité donnée au logement abordable, sujet crucial pour des millions de travailleurs.euses et de familles. Des annonces encourageantes, mais fragiles : trop de déclarations passées sont restées sans traduction concrète, faute de compromis politiques et de financements suffisants. Par ailleurs, la dérèglementation en cours n’est pas remise en cause et pourrait vider les annonces de leur substance.

Sur le plan environnemental, la présidente a souligné l’importance de maintenir le cap des engagements du Pacte Vert européen, notamment en fixant un objectif ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2040 ainsi qu’en accélérant la décarbonation des industries. Cette trajectoire devra s’accompagner de garanties sociales intégrées aux prochaines initiatives législatives afin d’assurer une transition juste et équitable.
Ce discours a rempli sa fonction immédiate : donner des gages aux partenaires de la coalition, rassurer les forces sociales et afficher une Europe qui agit. Mais il n’a pas dissipé les doutes sur la solidité de la Commission ni sur la volonté réelle des États membres de transformer ces annonces en actes.

L’UNSA retient que des avancées sont possibles, notamment sur la question des emplois de qualité, du logement et de la santé et attend des acteurs et actrices européen.nes du courage politique pour une traduction législative rapide et effective. Sans cela, l’Union européenne risque de perdre encore un peu plus la confiance de ses citoyen.nes et de ses travailleurs.euses.

Crédit image : gpointstudio on Freepik

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