CPF : derrière les chiffres, des interrogations


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Un premier bilan de la nouvelle formule du Compte personnel de formation (CPF) montre une forte augmentation des entrées en formation et un élargissement des publics bénéficiaires, notamment les non-cadres. Cependant, l’accompagnement reste encore largement à améliorer et des inquiétudes subsistent sur le financement.

Derrière un bilan plutôt flatteur dressé par la DARES en terme quantitatif (984 000 entrées en formation en 2020 contre 517 000 en 2019) se cache des interrogations que l’UNSA avait déjà exprimé à l’occasion du lancement de la nouvelle formule du CPF il y a deux ans.

Certes, le nombre de bénéficiaires augmente pour toutes les classes d’âge, les catégories non cadres (ouvriers, employés, professions intermédiaires) et les femmes, mais dans le même temps les formations raccourcissent de 296 heures en 2016 à 67 heures en 2020, dont la moitié d’une durée inférieure à 20 heures.

Les formations très courtes et ciblées, le permis de conduire et des certifications du répertoire spécifique, type Certificat d’aptitude à la conduite en sécurité (CACES) sont parmi les plus demandées.

À cet égard, l’on peut s’interroger sur l’évolution professionnelle réelle du salarié, si l’utilisation du CPF reste cantonnée uniquement à des formations d’adaptation au poste de travail.

Mettre en place un accompagnement

Plus globalement, alors que les actifs les plus fragiles et ceux les plus en difficultés avec notamment l’usage du numérique ont besoin d’un vrai accompagnement, celui-ci reste le maillon faible.

Preuve en est par exemple avec le recours au Certificat de connaissances et de compétences professionnelles (CLEA). Adapté au public le moins qualifié, il ne représente plus que 0,2 % des entrées en formation via le CPF contre 6,5 % en 2018.

Le Conseil en évolution professionnelle (CEP) doit ici jouer tout son rôle avec des moyens plus importants et une articulation avec la plate-forme « Mon compte formation ».

Sur ce sujet, comme sur celui de la pression commerciale et des fraudes, l’UNSA espère que les engagements pris par la ministre du Travail seront suivis d’effet.

Préserver la liberté de « choisir son avenir professionnel »

Par ailleurs, l’UNSA est vigilante sur la question du co-financement du CPF. La possibilité d’abondement par l’entreprise et les acteurs publics (Pôle emploi, régions) est une opportunité, à condition que le salarié ou le demandeur d’emploi ne soit pas mis sous pression pour utiliser son compte.

La liberté de « choisir son avenir professionnel » ne doit pas être qu’un slogan. Le salarié n’a pas à supporter des dépenses qui sont normalement du ressort de l’employeur.

Enfin, le problème du financement du CPF reste entier au regard du déficit global de France compétences (3,4 Md d’euros prévus pour 2021). Il repose les questions de l’augmentation de la contribution des entreprises, et du « détournement » d’une partie des fonds prélevés pour financer les actions en faveur des demandeurs d’emploi via le Plan d’investissement dans les compétences.

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