Des élections européennes à haut risque


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Du 6 au 9 juin 2024, 360 millions d’électeurs et d’électrices des 27 États membres de l’Union européenne (UE) étaient appelés.es à voter pour le renouvellement du Parlement européen. Au total, 720 eurodéputés.es ont été élus.es au suffrage universel direct, dont 81 pour la France.

À l’issue du vote, les partis pro-européens restent les plus nombreux mais les droites radicales et extrêmes sont arrivées en tête dans cinq pays et représentent un quart des sièges, fait inédit dans cet hémicycle européen. Au niveau français, le score sans précédent de l’extrême droite conduit à la dissolution de l’Assemblée nationale, entraînant une crise politique nationale majeure.

Bien que les modes de scrutin soient différents d’un pays à l’autre (âge pour voter, vote obligatoire ou non, modalités de vote numérique/correspondance/procuration…), un point de satisfaction est le taux de participation en légère hausse dans l’ensemble de l’UE, passant de 50,66% à 51,01%, et en France avec 51,5% contre 50,19% au scrutin précédent.

Maintien des équilibres sur le plan européen

Malgré le succès de l’extrême droite dans un certain nombre de pays, les équilibres au sein du Parlement européen ne semblent pas fondamentalement bousculés.

La recomposition annoncée aujourd’hui est à confirmer, mais le premier parti européen reste le Parti populaire européen (PPE, droite conservatrice), renforcé d’une dizaine de sièges. Les socialistes et démocrates (S&D) – parfois en coalition avec les écologistes - réalisent de bons scores en Finlande, Suède, Danemark, Portugal et Espagne - et arrivent en tête aux Pays-Bas ce qui est la bonne surprise du scrutin. Cela permet au groupe S&D de conserver quasiment le même nombre d’élu.e.s et de rester la 2ème force politique au sein de l’hémicycle. Et malgré un groupe Renew amputé d’au moins 23 membres, ces trois groupes PPE, S&D et Renew, qui formaient la dernière coalition au sein de laquelle se forgeaient les compromis, remporteraient 400 sièges sur 720, soit plus de la majorité absolue à 361.

L’extrême droite est arrivée en tête en France, en Italie, en Autriche pour la 1ère fois, en Hongrie (malgré un recul du parti de Viktor Orban) et en deuxième position en Allemagne, au Pays bas, en Roumanie, en Slovaquie, en Lettonie et en Pologne. Elle progresse en Espagne, au Portugal, en République Tchèque, en Bulgarie, au Danemark et au Luxembourg et ne recule qu’en Finlande, dans un contexte où le gouvernement de coalition droite/extrême droite attaque violemment les droits des travailleurs. Actuellement répartis dans trois blocs distincts, la recomposition des différentes délégations des droites extrêmes et radicales pourrait les amener à devenir la troisième force au sein du Parlement européen.

À gauche, il semble que cela reste stable. Les Verts, notamment à cause des mauvais scores français et allemand, perdent du terrain et environ 18 sièges – passant de la 4e à la 6e place.

Projection à confirmer de la composition du Parlement européen

Chaos politique sur le plan français

Sur les 38 listes et 3078 candidats.es qu’elles représentaient, seules 7 listes dépassent le seuil des 5% requis. 81 eurodéputé.es viennent d’être élus.es, dont 34 sortants.es : 30 Rassemblement national (+12), 13 Renaissance-Modem (-10), 13 PS-Place publique (+6), 9 LFI (+3), 7 Républicains (-2), 5 Ecologistes (-7) et 5 Reconquête pour sa première présentation.

C’est en France que la percée de l’extrême droite est la plus marquante. Avec un tel score, le Rassemblement national représentera la plus importante délégation nationale au sein du Parlement et du groupe Identité et démocratie (ID).

Face à ces résultats, Emmanuel Macron a choisi de dissoudre l’Assemblée nationale, alors même qu’il s’agissait d’un scrutin européen et que l’UE n’était pas menacée par la forte poussée de l’extrême droite en France, quitte à créer le chaos sur la scène politique française.

L’issue des élections législatives françaises sera déterminante pour l’UE, et notamment pour le Conseil de l’Union européenne, qui réunit les ministres des 27 Etats membres par domaines d’activités et qui vote, conjointement avec le Parlement européen, le budget de l’UE et les actes législatifs. Même si la récente directive sur les plateformes numériques prouve qu’il est possible aujourd’hui d’adopter une loi européenne sans la France, qui s’est opposée, et l’Allemagne, qui s’est abstenue, l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir en France serait un danger pour le fonctionnement de l’UE, d’autant plus avec la présidence hongroise qui démarre le 1er juillet pour 6 mois.

L’extrême droite l’a prouvé dans la mandature précédente : ses élus.es se sont opposés.es à toutes les directives en faveur des travailleuses et travailleurs, comme celles sur les salaires minimums ou sur la transparence salariale.

Et après ? Le renouvellement de l’UE se poursuit

Dans la foulée des élections européennes, les principaux postes de l’UE seront renouvelés et dans le contexte français, les calendriers vont se chevaucher. Se devant de répondre à un équilibre à la fois géographique mais aussi politique, ils reflètent les résultats issus du scrutin européen.

  • 27-28 juin, Conseil européen : proposition d’un.e candidat.e à la présidence de la Commission européenne, adoption du programme stratégique de l’UE pour 5 ans
  • d’ici le 15 juillet : formation des groupes politiques européens (composés d’un minimum de 23 eurodéputés.es d’au moins 7 pays différents) et de leurs présidences
  • 16-19 juillet, Parlement européen : plénière constitutive de la 10ème législature, élection de la présidence
  • 22-25 juillet, Parlement européen : constitution de la composition des commissions
  • 16-19 septembre, Parlement européen : session plénière de rentrée, élection de la présidence de la commission européenne sur proposition du Conseil européen à la majorité
  • Octobre-novembre : constitution de la liste des commissaires, en accord avec le.la président.e de la Commission européenne et le Conseil de l’UE, auditionnés.es par les eurodéputés.es
  • 1er décembre, Conseil européen : nouveau président
  • 16-19 décembre, Parlement européen : plénière, vote sur l’investiture de la Commission européenne

En principe, la prochaine présidence de la Commission européenne devrait être issue du parti européen arrivé en tête des élections, soit le PPE. Issue du PPE et candidate à sa succession, Ursula Von der Leyen semble être en bonne posture pour un second mandat mais rien n’empêche le Conseil européen, de proposer un.e tout autre candidat.e.

Ursula Von der Leyen a annoncé sa volonté de continuer à travailler sur la base d’une alliance informelle avec les pro-Europe, pro-Ukraine et pro-État de droit, mais elle n’a pas non plus exclu de s’allier aux partis d’extrême droite, notamment celui de Meloni. La question pourrait se poser dans le cas de votes dissidents au sein de la coalition majoritaire.

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