Justice des mineurs : une loi d’affichage qui passe à côté des véritables enjeux
Ce 6 mai, députés et sénateurs sont parvenus à un accord en commission mixte paritaire sur la proposition de loi de Gabriel Attal visant à durcir la justice des mineurs. L’UNSA dénonce une approche exclusivement répressive incapable de répondre aux causes profondes de la délinquance juvénile.
Présentée comme une réponse aux émeutes de 2023, ce texte de loi durcit le traitement pénal des mineurs : procédure de comparution immédiate à partir de 16 ans, inversion du principe de l’excuse de minorité en cas de récidive, allongement des durées de détention provisoire, responsabilisation accrue des parents. Ces mesures traduisent une logique purement répressive, qui repose sur l’idée que la seule sévérité des peines suffirait à enrayer les passages à l’acte.
Or, cette approche punitive risque de produire l’effet inverse. En criminalisant des jeunes souvent marqués par des ruptures familiales, scolaires ou sociales, on renforce leur sentiment d’injustice et on compromet leur réinsertion.
Quant à la stigmatisation des parents, elle fait fi des difficultés sociales, éducatives ou économiques qu’ils peuvent rencontrer. Elle détourne l’attention des besoins réels.
À l’inverse de cette loi d’« affichage », l’UNSA appelle en effet à un changement de paradigme : investir massivement dans la prévention et l’aide à la parentalité, soutenir les familles dès les premiers signes de difficultés, redonner des moyens à l’aide sociale à l’enfance, à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), à la prévention spécialisée et aux professionnels de terrain.
Le temps long de l’accompagnement éducatif vaut mieux que l’illusion d’une réponse immédiate et spectaculaire dictée par les circonstances. La justice des mineurs doit rester éducative et réparatrice, conformément à ses principes fondateurs.
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