L’Europe ne sera compétitive que si les travailleurs·euses s’y retrouvent
Tous les cinq ans, à l’issue des élections du Parlement européen, les dirigeant.es de l’Union européenne (UE) adoptent un programme stratégique, qui fixe les grandes orientations et priorités de l’UE pour 5 ans, et qui oriente les programmes de la Commission européenne et des présidences du Conseil de l’UE. Celui de la période 2024-2029 a été approuvé lors du sommet des 27 et 28 juin dernier.
Face au contexte géopolitique et économique, le programme a pour objectif de rendre l’Europe plus souveraine et mieux équipée pour relever les défis à venir. Il repose sur trois piliers :
- une Europe libre et démocratique
- une Europe forte et sûre
- une Europe prospère et compétitive
L’UNSA se félicite que le climat et l’environnement soient mentionnés dès l’introduction, en rappelant les dommages causés par le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution.
Cependant, l’accent mis sur la compétitivité et surtout sur la « réduction de la charge bureaucratique et réglementaire », qui s’est traduite par une dérégulation par le passé, est inquiétant et incompatible avec les transitions écologiques et numériques.
Le groupe UNSA au sein du Conseil économique, social et environnemental (CESE), lors d’une séquence de questions au ministre délégué chargé de l’Europe Jean-Noël Barrot le 11 juin dernier, l’avait d’ailleurs rappelé : « l’Europe est le berceau de la révolution industrielle, elle doit avoir un rôle moteur dans la révolution des transitions. Cependant, pour que ces transitions existent en Europe, et qu’elles soient synonymes de progrès social, il faut construire la dimension démocratique des transitions, notamment par une meilleure association des partenaires sociaux. »
Les attentes sont importantes : il est aujourd’hui urgent de protéger les emplois, et de créer de nouveaux emplois qui ne soient pas précaires, mais qui permettent de vivre dignement, et ce dans tous les secteurs, et pas seulement dans quelques industries de pointe.
L’UNSA, aux côtés de la Confédération européenne des syndicats (CES), appelle à promouvoir la négociation collective, meilleur moyen d’obtenir des salaires et des conditions de travail équitables, et à renforcer la démocratie au travail.
Les droits des travailleurs·euses, et les normes sociales et environnementales doivent être protégés et renforcés, et non dérégulés.
Les chefs d’État et de gouvernement se sont également mis d’accord sur les personnalités qui vont incarner cet agenda. Antonio Costa, ancien Premier ministre portugais, assurera la présidence du Conseil européen à la suite du belge Charles Michels à partir du 1er décembre. Ursula von der Leyen, présidente sortante de la Commission européenne, a été officiellement proposée pour un second mandat. Elle a jusqu’au 18 juillet pour s’assurer d’une majorité, avant que le Parlement européen ne se prononce.