La hausse des inégalités et de la pauvreté appelle à renforcer notre modèle social.


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Les derniers chiffres publiés par l’ Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sont sans appel : en 2023, 15,4 % de la population française vit sous le seuil de pauvreté, soit près de 10 millions de personnes [1], un record sur les 30 dernières années. Cette hausse de la pauvreté marque un tournant après plusieurs années de relative stabilité. Elle frappe de plein fouet les ménages les plus fragiles.

L’INSEE souligne que ce sont d’abord les familles monoparentales qui paient le plus lourd tribut. En 2023, plus d’un tiers d’entre elles vit sous le seuil de pauvreté. La situation des enfants s’en ressent directement : près d’un enfant sur cinq est en situation de pauvreté. Les chômeurs sont eux aussi particulièrement exposés, avec un taux de pauvreté qui atteint 36 %. Quant aux travailleurs indépendants, ils continuent de voir leurs revenus diminuer en euros constants. Même les salariés ne sont pas épargnés : leur taux de pauvreté augmente, passant de 6,1 % à 6,6 %.

Cette dégradation s’explique par plusieurs facteurs. La fin des aides exceptionnelles, comme la prime inflation ou la prime de rentrée exceptionnelle, a fait baisser le pouvoir d’achat de nombreux ménages modestes. Dans le même temps, les aides existantes comme les allocations logement ou le RSA ont été revalorisées moins vite que l’inflation, réduisant leur efficacité. Les récentes réformes de l’assurance chômage ont aussi réduits la durée d’indemnisation des nouveaux allocataires et le niveau des allocations…

Pendant que les plus pauvres s’enfoncent, les plus riches, eux, voient leur situation s’améliorer. Grâce à la remontée des taux d’intérêt, les revenus financiers progressent fortement, tirant vers le haut le niveau de vie des 10 % les plus aisés. Résultat : les inégalités de revenus atteignent un sommet historique.

Dans ce contexte, il faut néanmoins rappeler que notre modèle social joue encore un rôle majeur pour limiter la casse. Sans les prestations sociales et les mécanismes de redistribution, le taux de pauvreté serait bien plus élevé : l’INSEE estime qu’il atteindrait 21,7 % au lieu de 15,4 %. Ces 6 points de différence témoignent de l’efficacité réelle, bien qu’insuffisante, des aides publiques. C’est un acquis collectif précieux, qu’il nous faut défendre et consolider.

Face à ce constat alarmant, l’UNSA appelle donc à une réponse politique à la hauteur de l’enjeu. Il est urgent de renforcer les dispositifs de soutien aux familles les plus fragiles, de revaloriser les aides sociales, et de garantir des salaires qui permettent réellement de vivre. Le prochain budget devra faire contribuer prioritairement les plus grandes fortunes et patrimoines et ne pas pénalisés les plus modestes par une année blanche ou une nouvelle réforme de l’assurance chômage.

L’augmentation de la pauvreté n’est pas une fatalité : c’est une question de choix collectifs.

Crédits photo : Freepik

Notes

[1Un chiffre sous-estimé car les départements d’Outre-mer ne sont pas inclus dans l’analyse, tout comme les personnes sans domicile fixe ou encore celles vivant en habitat mobile

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