Prochaine Commission européenne : des annonces inquiétantes pour l’emploi et les droits sociaux


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Réélue en juillet dernier à la présidence de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a présenté ce mardi 17 septembre, devant le Parlement européen à Strasbourg, la composition de la prochaine commission européenne, ainsi que les portefeuilles attribués aux 26 commissaires désigné.es.

Cette annonce avait été décalée, notamment car certains États membres ont tardé à désigner leur candidat.e. Mais aussi du fait de la démission surprise, lundi 16 septembre, de Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur sortant, que la France avait choisi de reconduire. Finalement Stéphane Séjourné, désigné par Emmanuel Macron, héritera de la place et d’une vice-présidence en charge de la stratégie industrielle et de la prospérité.

Une composition déséquilibrée qui attend d’être validée par le Parlement

La Commission européenne, qui est désignée tous les cinq ans après chaque élection européenne, est l’organe exécutif de l’Union européenne (UE), qui propose et met en œuvre les lois adoptées par le Parlement européen et le Conseil de l’UE. Elle est également chargée de l’exécution du budget, et représente l’UE à l’étranger. Elle est composée d’un.e président.e et de 26 commissaires, qui défendent les intérêts de l’Union européenne, et non pas ceux des Etats qui les ont désignés.

Sur proposition d’un.e candidat.e par État membre, le collège de commissaires doit répondre à certains équilibres, notamment parité et poids politiques, au regard des résultats des élections européennes. La désignation des vice-présidences doit aussi concilier équilibre géographique, politique et de genre.

Force est de constater que nous sommes loin de cet équilibre ! 11 femmes pour 16 hommes et plus de la moitié des commissaires issus du groupe politique de la droite conservatrice PPE, alors que ce groupe ne représente que 26% des eurodéputés.es. Si l’inégalité de genre est contrebalancée par le choix de 4 vice-présidentes, cette vice-présidence de 6 commissaires présente une sur-représentation du groupe Renew, au regard de leur poids politique au sein du Parlement, et compte un membre issu du gouvernement d’extrême droite italienne de Giorgia Meloni.

Chacun.e des commissaires va maintenant être auditionné.e par les eurodéputés.es, qui vont évaluer leurs compétences et leur probité, rechercher les éventuels conflits d’intérêts et invalider le cas échéant un.e candidat.e. Dans ce cas, l’État membre concerné devra procéder à une nouvelle désignation. Le processus prendra fin par un vote d’approbation de l’ensemble du collège de commissaires par le Parlement.

Des priorités qui occultent l’emploi et les droits sociaux

Le programme de cette nouvelle commission, présenté hier par Ursula von der Leyen, met en avant des « priorités fondamentales » : prospérité, sécurité et démocratie avec pour objectif principal, la compétitivité dans la double transition, numérique et écologique. Ces priorités se retrouvent dans la répartition et l’intitulé des portefeuilles.

Si l’on peut se féliciter de la création d’un poste chargé de l’Énergie et du logement, pour la première fois depuis 1970, qui répond à des préoccupations essentielles pour les citoyens et citoyennes, on ne peut que regretter que le portefeuille Emploi et droits sociaux, porté par le socialiste luxembourgeois Nicolas Schmidt au mandat précédent et non reconduit, qui existait depuis les années 70, disparait. Ces questions, traitées au sein de l’UE par la Direction générale de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion (EMPL), seront rattachées aux missions de la socialiste roumaine Roxana Mînzatu, désignée vice-présidente chargée des Personnes, des Compétences et de l’État de Préparation.

Ce choix en dit long sur la considération accordée aux travailleurs et aux personnes les plus vulnérables, exposées au risque de pauvreté et d’exclusion, et sur la place qui sera faite aux organisations syndicales et au dialogue social.

En réaction à cette annonce, Esther Lynch, secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats, a déclaré : « Face à la menace grandissante de l’extrême droite, il incombe aux démocrates de montrer aux citoyens qu’ils entendent et répondent à leurs priorités à travers un projet d’espoir qui place les travailleurs au cœur du projet européen » et appelé Ursula von der Leyen à rétablir d’urgence un portefeuille spécifique pour des emplois de qualité et les droits sociaux.

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