Un ’Guide Entreprises’ pour le maintien de l’emploi des seniors ?
Le Secteur National Economie, Emploi & Formation de l’UNSA avait, dans ce domaine, largement montré la voie, avec des propositions concrètes remarquables (*).
Le bien vieillir au travail est aussi crucial que le bien vieillir global.
Les salariés seniors, qui représentent une part croissante de la main-d’œuvre, demeurent des travailleurs plus vulnérables. Ils sont plus susceptibles de développer une maladie professionnelle selon l’Assurance-maladie.
Le maintien dans l’emploi des seniors est un enjeu primordial aujourd’hui, alors même que l’âge légal de départ à la retraite a été reporté et que ces mêmes seniors sont inquiets pour leur "durabilité" professionnelle. C’est ce que révèle désormais un " Guide"...
Un Guide pratique pour prendre soin des seniors au travail...
° Qu’est-ce qu’un "senior" ?
Il n’existe pas de définition officielle du « senior ». C’est alors souvent une affaire de perception. Dès lors que le travailleur exerce depuis un certain temps, il peut être qualifié de senior.
Ni le code du travail, ni les textes spécifiques aux seniors ne s’accordent sur des âges fixes et précis.
En matière de gestion de carrière, de rémunération et de formation professionnelle, un travailleur est considéré comme senior à partir de quarante-cinq ans et en matière d’emploi, plutôt à partir de cinquante ans.
° Un "GUIDE PRATIQUE" ?
L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), établissement public administratif qui a vocation à améliorer les conditions de travail, a publié le 10 juillet 2024 un guide pratique intitulé : "Travail des seniors, où en êtes-vous dans votre entreprise" ?
Les objectifs de ce guide sont d’offrir des pistes de réflexions pour faciliter le travail des seniors et favoriser l’allongement de leur vie professionnelle dans l’entreprise.
Ce guide insiste sur la prévention de l’usure professionnelle et encourage le maintien dans l’emploi.
° CLÉS DE LECTURE
Parmi les clés de lecture, le guide révèle des chiffres parlants sur l’emploi des seniors. Ainsi, il est noté qu’une proportion importante de seniors n’est ni en emploi, ni en retraite.
En 2022, alors que 82 % des 25 à 49 ans sont en emploi, seulement 57 % des personnes de 55 à 64 ans le sont. Même si ce niveau est inférieur à la moyenne de l’Union européenne qui est de 62 %, c’est le plus haut niveau atteint en France depuis 1975 (!?).
Cet état de fait est néanmoins dramatique au regard des carrières qui doivent s’allonger pour acquérir des droits à la retraite (avec un taux plein "inaccessible") et un état de santé physique, moral et social des plus de 60 ans aléatoire et plus compliqué à garantir, malgré une amélioration de l’état général du "bien vieillir"...
Il est remarqué que les femmes quittent le marché du travail avant les hommes.
Dans la proportion importante de seniors n’est ni en emploi, ni en retraite, il s’agit majoritairement de femmes.
Par ailleurs, en 2019, 37 % des salariés déclaraient ne pas se sentir capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite.
Les métiers les moins qualifiés, au contact du public, du soin et de l’action sociale sont les plus difficilement soutenables. Pourtant, ces sont souvent ces métiers qui, pour toutes les autre professions restent ouverts à une énième nouvelle partie de carrière pour les seniors en recherche d’un maintien dans un emploi via une reconversion.
En outre, les salariés exposés aux contraintes physiques et psychosociales envisagent moins bien que les autres salariés leur maintien dans l’emploi.
Les six idées clés à retenir sur le travail des seniors sont :
- la catégorie seniors n’est pas homogène,
- les salariés seniors font l’objet d’idées reçues,
- le fait de devenir un « senior au travail » n’entraîne pas une altération des capacités,
- le travail peut accentuer les situations de fragilité et les processus de vieillissement pour les seniors comme pour tous les salariés,
- le travail peut être facteur de santé pour les seniors comme pour tous les salariés ;
Il est possible de prévenir les phénomènes d’usure professionnelle et de désinsertion
FICHES POUR ENRICHIR LES PRATIQUES...
De nouvelles démarches peuvent être pensées afin de faciliter le bien vieillir au travail.
- Le Guide comprend quatre fiches pour enrichir les pratiques d’une entreprise :
* Fiche n° 1 : accompagner les fins de carrière
Afin d’accompagner les fins de carrière, il est conseillé de les dynamiser en proposant des montées en compétences et des évolutions professionnelles, ainsi que de modifier le contenu de l’activité des seniors. Le but est d’offrir aux seniors des perspectives professionnelles valorisantes et stimulantes.
Il est nécessaire également de faciliter les aménagements de postes, afin que les dernières années de travail soient plus agréables et non pas vécues péniblement.
Enfin, il est très important de préparer les départs en retraite des seniors, car il demeure fréquent qu’un départ en retraite ne soit pas suffisamment préparé.
* Fiche n°2 : développer les compétences et accompagner les parcours
Plusieurs actions peuvent être menées afin de développer les compétences des seniors et qu’ils aient plus de facilité à se projeter dans leur fin de carrière.
Les seniors ne doivent pas se trouver écartés des formations et des évolutions professionnelles.
Il est recommandé de faire le point sur les besoins et les envies des travailleurs seniors notamment lors des entretiens professionnels.
De nombreux dispositifs permettant l’évolution professionnelle peuvent être présentés aux travailleurs seniors, comme la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE), les bilans de compétences et le Conseil en évolution professionnelle (CEP). L’important est d’aider l’évolution professionnelle, voire les projets de reconversion.
Au sein de l’entreprise, il est aussi préconisé de favoriser les coopérations entre générations, d’organiser la transmission de compétences entre salariés, ainsi que d’anticiper les besoins en compétences et l’évolution des métiers.
* Fiche n°3 : améliorer la santé au travail, favoriser le maintien en emploi
Les conditions de travail lors de la fin de carrière peuvent peser sur le maintien dans l’emploi des travailleurs seniors.
En effet, les travailleurs seniors peuvent faire face à des situations délicates, nécessitant la prise de mesures spécifiques. En fonction des situations dans lesquelles peuvent se trouver les seniors, comme le salarié senior occupant un poste exposant à de fortes contraintes ou le salarié senior en arrêt long ou atteint d’inaptitude partielle ou de maladie chronique, des actions individuelles et collectives adaptées sont indiquées.
* Fiche n°4 : développer le dialogue sur la prévention de l’usure et le maintien en emploi des seniors
Le bien vieillir au travail est lié à d’autres sujets stratégiques pour l’entreprise, tels que les conditions de travail, la santé au travail, la politique de gestion des compétences. Dès lors, il est opportun de traiter cet enjeu dans le cadre du dialogue social.
Les membres des comités sociaux et économiques (CSE) doivent s’approprier les questions liées au bien vieillir dans l’entreprise et proposer des actions concrètes.
Il est également possible de lancer des négociations avec l’employeur afin d’aboutir à un accord relatif aux mesures destinées aux salariés seniors ou à un plan d’action seniors, ou bien d’intégrer des mesures dans d’autres accords, notamment lors des négociations annuelles.
Par ailleurs, en plus du dialogue social, le dialogue professionnel particulièrement avec la hiérarchie doit porter sur le bien vieillir au travail, tel que par le biais d’entretiens individuels réguliers ou de réunions d’équipe. Ce dialogue doit par exemple conduire à faciliter l’expression sur les contraintes de travail rencontrées.
ET EN PLUS UN QUESTIONNAIRE...
L’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail propose, en plus du guide pratique, un questionnaire à remplir sur anact.fr
https://anact.sphinxonline.net/Surv...
(A fin d’analyser les pratiques au sein d’une entreprise et les faire évoluer. Le questionnaire est accessible à tous).
Ce guide et ce questionnaire peuvent être des atouts pour les élus du CSE et les délégués syndicaux. Il n’y a pas d’âge pour être bien au travail !
Jade EL MARBOUH, Pôle Service Juridique, Secteur Juridique National UNSA.
Pour toute remarque, juridique@unsa.org.
PRÉCISIONS SUR L’ANACT :
Le Conseil d’administration tripartite de l’Anact comprend des représentants de l’Etat, des organisations d’employeurs et de salariés. Il délibère sur les objectifs stratégiques pluriannuels, le programme de travail, le budget, les conditions générales d’emploi, etc.
Chaque agence régionale pour l’amélioration des conditions de travail (Aract) est doté d’un comité paritaire régional composé de partenaires sociaux. Ils contribuent, dans ce cadre, à définir les orientations de travail de l’Aract et à initier et développer des projets de terrain.
Conseil scientifique de l’Anact :
Il est composé de personnalités du monde de la recherche en sciences humaines et sociales, d’experts des questions d’organisation du travail et de responsables scientifiques d’institutions partenaires. Il donne un avis sur le programme de travail de l’Anact, contribue au suivi et à l’évaluation des actions conduites.
Organisation
265 agentes et agents de l’Anact travaillent au siège de l’Anact et au sein de ses 16 agences régionales. Pour aider les entreprises et les organisations publiques à prendre en compte les conditions de travail dans toutes leurs dimensions, les équipes sont composées de chargés de mission aux profils complémentaires : ergonomes, ingénieurs, psychologues, sociologues, gestionnaires et professionnels de la communication.
Secteur Juridique National UNSA
(*) RETROUVEZ TOUTES LES PROPOSITIONS DU SECTEUR NATIONAL UNSA, ÉCONOMIE, EMPLOI & FORMATION :