Unédic : le gouvernement continue de faire les poches des demandeurs d’emploi
Publiées courant octobre, les nouvelles prévisions financières de l’Unédic sont moins positives que les précédentes. Surtout, les prélèvements de l’État sur les recettes de l’assurance chômage grèvent fortement son solde financier.
Pour l’UNSA, les prélèvements que l’exécutif réalise depuis 2023 sur les recettes de l’Unédic sont préjudiciables au régime d’assurance chômage. Elles réduisent en effet ses possibilités d’amélioration des conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi et de désendettement.
En raison de prévisions de croissance économique plus faibles, d’inflation plus basse et de créations d’emplois en berne, les perspectives financières du système d’assurance chômage sont affaiblies au regard des prévisions publiées au mois de juin dernier.
Cependant, l’Unédic prévoit toujours un solde excédentaire jusqu’en 2027, de 0,3 milliard d’euros en 2024 et jusqu’à 9,4 milliards en 2027. Mais ces surplus pourraient être plus conséquents sans les prélèvements opérés par l’exécutif depuis 2023 et destinés à financer le déploiement de France Travail et surtout de France compétences.
En effet, entre 2023 et 2026, l’État compte retenir plus de 12 milliards d’euros sur les recettes de l’Unédic en n’effectuant pas la totalité des remboursements prévus liés aux exonérations de cotisations patronales.
Ces ponctions ralentissent le processus de désendettement de l’Unédic, qui a vu sa dette gonfler durant la crise Covid. De 36,8 milliards d’euros en 2019, elle a grimpé à 63,6 milliards en 2021 en raison des mesures d’urgence décidées durant cette période, en particulier l’activité partielle. L’Unédic anticipe une diminution de l’endettement à 44,3 milliards d’euros en 2027 contre 31,3 milliards sans les prélèvements de l’État.
De surcroît, cette menace sur l’assurance chômage limite les possibilités d’amélioration de l’indemnisation des demandeurs d’emploi, déjà malmenée depuis 2018, avec des restrictions substantielles de droits (durée d’indemnisation, calcul de l’allocation, conditions d’ouverture de droits…).
Par ailleurs, l’UNSA salue l’abandon du projet de décret de juin 2024 qui devait encore affaiblir les conditions d’indemnisation chômage. Toutefois, le gouvernement s’autorise, une fois de plus, à demander aux partenaires sociaux de dégager 400 millions d’euros d’économies dans le cadre des négociations en cours pour l’élaboration d’une nouvelle convention d’assurance chômage.
Faut-il le rappeler, l’Unédic n’est pas responsable du déficit excessif des finances publiques. En revanche, elle verse déjà 11 % de ses recettes à France Travail, ce qui correspond à près de 80 % du budget de ce dernier. Pour l’UNSA, le service public de l’emploi doit être financé principalement par l’État et non par les fonds de l’assurance chômage. Les recettes de l’Unédic (cotisations sociales et CSG activité) doivent d’abord à couvrir le risque du chômage par le versement d’une allocation.
L’UNSA appelle donc à l’arrêt des ponctions prévues jusqu’en 2026 ainsi qu’au remboursement de celles réalisées en 2023 et 2024.
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